Un jeune homme sauvé de justesse de la noyade par les Sauveteurs en Mer de Propriano

C’est un cas d’école. Malgré une mer mauvaise, un vacan­cier, sous-esti­mant le danger, décide d’al­ler nager. Épuisé, roulé par des défer­lantes, il ne doit la vie qu’aux bons réflexes d’un témoin sur la plage et à la célé­rité de l’in­ter­ven­tion du patrouilleur SNSM. Un dispo­si­tif qui prouve chaque été, depuis neuf ans, toute son effi­ca­cité.

Les Sauveteurs en Mer de Propriano sauvent un jeune homme sur la plage du Robinson
La victime a été emmenée à l’hôpital d’Ajaccio en hélicoptère pour être placée sous surveillance. © Jacques Paul-Stefani

Antoine, 18 ans, est un mira­culé. À quelques minutes près… « J’étais épuisé, mes muscles étaient doulou­reux, je me suis rendu compte que je n’ar­ri­ve­rais jamais à rejoindre la plage. Je pensais lâcher prise quand j’ai vu le bateau des sauve­teurs venir vers moi. Ils m’ont sauvé la vie. Sans eux, je serais sûre­ment au fond de l’eau. » 

Un témoin provi­den­tiel et un dispo­si­tif de sauve­tage très réac­tif

Tout avait pour­tant bien commencé. Des vacances en famille en Corse. Des plages magni­fiques, mais… surchar­gées de touristes en ce milieu du mois d’août à Propriano. Direc­tion donc un endroit moins fréquenté, un peu à l’écart, la plage du Robin­son. Il est presque midi, le soleil tape. Antoine voit bien les vagues impres­sion­nantes, au loin, à l’orée de la bande des 300 mètres, mais il est bon nageur, il a l’ha­bi­tude de la mer du Nord ; la Médi­ter­ra­née ne lui fait pas peur. Il commence à s’éloi­gner du bord. « À 200 mètres de la plage, je me rends compte que je suis seul dans l’eau. C’est à ce moment-là qu’une grosse vague s’écrase sur moi et me projette sous l’eau. Les vagues succes­sives s’abattent, m’en­foncent sous l’eau, me lais­sant peu de temps pour reprendre ma respi­ra­tion. Je n’ar­rive pas à rejoindre le bord. »

Antoine doit son salut aux bons réflexes d’une femme sur la plage. Elle voit que le jeune homme se noie et contacte le chef du dispo­si­tif SNSM du golfe de Valinco, Antoine-Jean Gian­netti, qui alerte le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) et engage aussi­tôt le patrouilleur, un semi-rigide armé par des nageurs sauve­teurs. Située à moins de cinq minutes de navi­ga­tion, l’em­bar­ca­tion fonce sur zone tandis qu’à terre, la femme qui a donné l’alerte empêche une autre vie de se mettre en danger en dissua­dant le père d’An­toine de se jeter à l’eau pour secou­rir son fils. Arrivé près du jeune homme, malgré une barre de défer­lantes de 2 mètres, Mathieu Dedieu, nageur sauve­teur, se met à l’eau pour sécu­ri­ser la victime et la hisser rapi­de­ment à bord du semi­ri­gide. Antoine est presque incons­cient, il a avalé beau­coup d’eau. Le CROSS oriente alors le SNS 731 A Mise­ri­cor­dia vers le port de Propriano pour confier la victime aux pompiers et au SMUR. Elle sera ensuite évacuée en héli­co­ptère vers l’hô­pi­tal d’Ajac­cio.

« Si la victime avait été prise en charge deux ou trois minutes plus tard par les sauve­teurs, elle se serait très certai­ne­ment trou­vée en arrêt cardiaque  », témoigne Guillaume Turpin, inspec­teur adjoint des nageurs sauve­teurs, présent ce jour-là.

Les Sauveteurs en Mer de Propriano sauvent un jeune homme sur la plage du Robinson
Les sauve­teurs ont ramené le jeune home au port puis l’ont confié aux pompiers et au SMUR. À droite, Antoine-Jean Gian­netti, chef du dispo­si­tif SNSM du golfe de Valinco. © DR

Antoine-Jean Gian­netti, par ailleurs président de la station de Propriano et direc­teur du centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion de Corse, est à l’ori­gine de la créa­tion, il y a neuf ans, de ce dispo­si­tif esti­val hyper-réac­tif.  « Le golfe de Valinco, c’est beau­coup de plages qui dépendent de quatre communes diffé­rentes. Il faudrait dix à quinze postes de secours pour couvrir le secteur. Cela serait diffi­ci­le­ment faisable et très onéreux pour les communes. »  Avec son semi-rigide, opéra­tion­nel de début mai à fin septembre, la station de Propriano assure une patrouille nautique qui effec­tue à la fois de la préven­tion et de nombreuses inter­ven­tions. « Nous pouvons traver­ser le golfe en moins de dix minutes, alors qu’en voiture, il faut comp­ter au mini­mum quarante minutes, voire plus d’une heure. » Avec deux cent soixante-dix inter­ven­tions dès le premier été d’uti­li­sa­tion du patrouilleur, on peut en effet parler de nombreuses missions. Un dispo­si­tif désor­mais bien rodé, mobi­lisé à la demande du CROSS, mais égale­ment du centre opéra­tion­nel dépar­te­men­tal d’in­cen­die et de secours, et qui a fait des émules en Corse-du-Sud puisque les communes de Boni­fa­cio et Sartène
ont égale­ment mis en place des patrouilleurs.

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !


Équi­pages enga­gés

Patrouilleur SNS 731 A Mise­ri­cor­dia

Chef du dispo­si­tif : Antoine-Jean Gian­netti

Chef de poste : Étienne Veillet

Nageurs sauve­teurs : Mathieu Dedieu et Thibault Bietry


Article rédigé par Marjo­rie Biran, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°159 (1er trimestre 2022)